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Cultures-4
"Cancel"Culture

La "Cancel" Culture [1]
Certains s’autorisent, au grand jour, à attaquer la Culture. Ils prétendent vouloir "l’effacer".
Depuis plus d’une décennie, ils clament l’objectif de leur entreprise, qu’ils nomment la "Cancel Culture" [2] [3] [4].
Le mouvement de la "Cancel Culture" s'est inspiré du concept de "déconstruction", concept si pertinent à son origine, mais qui, hélas, s’est vu corrompu par des esprits extrémistes. Un beau concept massacré par des individus non conscients de leur propre crise d'identité culturelle. De prétendus "progressistes", prisonniers d'un mode de pensée binaire, simpliste, divisant les humains en "dominants" ou "dominés".
Un mode de pensée archaique perdu face à la complexité du monde actuel.Une pensée pleine de contradictions et d’injonctions opposées qui rappelle celle de ceux qui, en plein mai 68, ont transformé un beau mouvement culturel en passages à l'acte névrotiques. Ceux qui ont "jeté" le sacré et l'autorité "avec l'eau du bain" de l'autoritarisme. Un mode de pensée "toute puissante" d'âge mental d'environ 2 ans. Ceux qui ont marqué le tournant du mouvement de Mai 68 avec le slogan schizogène : "Il est interdit d’Interdire" [5]. François Rabelais [6] qu'ont-ils fait de ta devise "fay ce que vouldras" ("fais ce que voudras") !
Voila à quoi ressemblent aussi les adeptes de la Cancel Culture, quelques générations plus tard.
Trop pressés, ils se croient déjà "citoyens du monde", mais malheureusement d'un monde encore trop divisé.
Ils prétendent pouvoir se passer de Cultures qui seraient, à leurs yeux, trop "enracinées".
Ne voient-ils pas que, par son excès, leur haine de leur propre culture s'apparente à une haine de soi, si lourde à porter qu'elle est "projetée" en haine de tout Autre qui ne voit pas la réalité à travers le prisme de leurs fantasmes ?
Ces "citoyens du monde" semblent former une "internationale" d’apatrides, semblable à celle d’anciennes idéologies qui rêvaient "d’universalité sans racines" [7].
Avant qu'il ne soit trop tard
Il est temps, avant qu'il ne soit trop tard, d’opposer un mouvement de protection de la Culture et de son peuple, de résistance à celui de la "Cancel Culture".
Il est temps de siffler la fin de la récréation.
Faut-il interpréter, en occident, les élections présidentielles américaines de novembre 2024 à travers cette angoisse, plutôt que de se laisser distraire par les personnalités et les ego des dirigeants ?
Protéger la Culture
Vouloir effacer une culture est aussi peu progressiste que de vouloir maintenir la peine de mort.
Les Humains, même à leur INSU, ont besoin d'appartenir à une ou des cultures. C'est ce qui les distingue du reste de la Nature. C'est ce qui leur permet de "s'empecher" comme dirait Albert Camus. C'est ce qui en fait des "sujets" responsables et non des "objets" de leurs bas instincts.
La critique des délires de la Cancel Culture ne nous empêche pas de voir les imperfections d'une culture. La culture est une production humaine, donc imparfaite. Mais elle est perfectible et nous ne pouvons admettre de "jeter le bébé avec l'eau du bain".
Ne voit- on pas émerger un nouveau clivage politique "Woke-AntiWoke", plus vif, plus essentiel que l’ancien, "Gauche-Droite", désormais vidé de sa substance ?
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Bientôt
L'Épisode-Suivant : La Distance Culturelle
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Références
[1] La question de la "Cancel Culture" fera l’objet d’une série à part entière, qui explorera des mécanismes communs à plusieurs mouvements et théories semblables, qu’il s’agisse, par exemple, du "wokisme" ou de la "théorie du genre".
[2] Douglas Murray, ‘'La Folie des foules : Genre, race et identité’', Éditions du Toucan, 2020.
[3] Helen Pluckrose et James Lindsay, ‘'Théories cyniques : Comment les universités sapent la justice sociale et corrompent la connaissance’', Éditions de l'Artilleur, 2020.
[4] Mathieu Bock-Côté, ‘'L'Empire du politiquement correct’', Éditions du Cerf, 2019
[5] Interdit d'interdire : J'ai fait partie, en Mai68, des 12 élus qui géraient la Sorbonne occupée par les étudiants. Chaque jour je lisais, sur les murs, les fameux slogans de Mai68 (par exemple, "sous les pavés, la plage" ou "il y a des actes qui rabotent les ambiguïtés"... ). C'était créatif. Lorsque j'ai lu, un matin, "Il est interdit d'interdire" j'ai senti confusément un tournant, un malaise. Mais je n'avais pas encore les outils d'analyse de ce symptôme d'un "nœud" collectif français encore aujourd'hui d'actualité, toujours pas "dénoué" collectivement.
Voir aussi à ce sujet l'épisode "Mai68", à venir, de la série ["MEYER"].
[6] François Rabelais, dans Gargantua, 1534.
[7] Simone Weil (1909–1943), L’Enracinement, 1949 (à titre posthume). Elle insiste sur la nécessité d’avoir des racines (historiques, culturelles, spirituelles) pour construire des valeurs authentiquement humaines. Elle met en garde contre les dérives d’un universalisme abstrait.
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